L’instituT François Neveux

Notre mission

J’ai mal au ventre au spectacle d’une pauvreté qui s’étend au sein de nos sociétés occidentales qui n’ont jamais été aussi riches, qui sont de plus en plus riches.

J’ai mal au ventre de voir ces familles détruites, par les petits-jobs, par le travail à temps partiel, par le chômage, par le chômage de longue durée, par la perte de confiance en soi, par la perte d’identité, par ce sentiment de ne plus contribuer au projet collectif, par l’exclusion de la vie économique et sociale.

J’ai mal au ventre de voir toutes ces personnes qui sont mal logées, dans des logements trop petits, mal isolés, sans lumière, alors que les prix de l’immobilier s’envolent, conduisant à un enrichissement sans cause de nombreux propriétaires fonciers.

J’ai mal au ventre de voir les familles en difficulté, obligées de subir de longs et coûteux trajets domicile-travail car elles sont reléguées aux périphéries des agglomérations à cause du coût de l’immobilier.

J’ai mal au ventre en voyant ces nombreux jeunes qui ne peuvent pas intégrer le monde du travail, à cause d’une mauvaise insertion sociale et d’une offre de travail insuffisante.

Je suis de plus en plus révolté par la croissance tentaculaire des métropoles qui aspirent tous les richesses humaines, culturelles et monétaires, tout en générant, en leur sein, une ségrégation sociale et spatiale scandaleuse et destructrice des hommes et de la nature.

Je supporte de moins en moins cette civilisation de l’individu-roi, autocentré sur son intérêt à court terme, instrumentalisé par la technologie, instrumentalisant la nature, sans respect des générations futures.

Je dénonce des institutions nationales, européennes, mondiales qui acceptent servilement d’être ordonnées par le seul marché financier et économique, au détriment des peuples, des hommes et des territoires, en organisant eux-mêmes cette servitude.

Je refuse de considérer cette situation comme naturelle, comme de simples dégâts collatéraux et conjoncturels de la croissance qui seront résorbés par plus de croissance ou par la philanthropie. C’est une grave hypocrisie car nos sociétés occidentales n’ont jamais été aussi riches.

Ce n’est pas plus de croissance qu’il faut, mais c’est plus de justice, tout de suite, dans la répartition de la richesse créée aujourd’hui. Au final, c’est l’amour du frère qui manque. C’est la relation socioéconomique qui est malade. Ce n’est pas seulement au système, c’est à moi d’abord d’apporter des réponses à la question sociale et à la question environnementale, en commençant par reconnaître et par vivre que c’est l’autre, le frère qui est au centre, et non moi, au sein d’une relation d’amour de réciprocité, à l’image du Dieu-Amour Trinitaire qui nous a créé. Mon bonheur est moins important que le bonheur de tous, ce qui se vit par le don de soi à l’autre qui a la préférence.

 

Notre vision

Alors, je vois des consommateurs qui achètent au juste prix pour permettre un juste salaire aux travailleurs qui ont produit le bien ou le service acheté, acceptant ainsi une part de don au-delà du prix du marché. Don qui représente la part sociale et environnementale du prix d’achat. Je vois des consommateurs qui favorisent les produits locaux, recyclables, durables pour créer des emplois locaux, pour protéger la nature. Je vois des consommateurs qui apprennent la frugalité.

Je vois des épargnants qui donnent pour des œuvres caritatives ou qui investissent une large part de leur superflu dans des entreprises locales, sociales et solidaires, dans du logement très social, dans des maisons de retraites pour personnes âgées démunies, dans des actions en faveur de l’environnement.

Je vois des investisseurs qui acceptent de limiter leurs dividendes, qui refusent tout dividende, pour favoriser la rentabilité sociale et environnementale des investissements, en termes de nombres d’emplois, de nature d’emplois ou d’objet social, une sorte « d’argent patient » à long terme.

Je vois des entreprises pour qui le profit n’est qu’un moyen et non une fin et qui répartissent la valeur créée, de manière juste entre toutes leurs parties prenantes, y compris au sein de leur territoire d’influence. Je vois des entreprises qui versent un juste salaire à leurs salariés, une participation ou un intéressement. Je vois des entreprises qui accueillent des handicapés et des personnes en insertion sociale. Je vois des entreprises qui valorisent la valeur humaine, l’initiative, la responsabilité de leurs salariés et qui se pensent au service de la création d’emplois, du travail et donc au service des familles et non l’inverse. Je vois des entreprises qui, au-delà du travail et du capital, considèrent le territoire et ses habitants comme un facteurs de production essentiel qu’il faut aussi rémunérer et respecter.

Je vois des syndicats professionnels qui dépassent la seule défense à court terme des intérêts de leurs adhérents et qui contribuent par leurs propositions et par leurs comportements au bien commun.

Je vois des collectivités publiques, locales, nationales, européennes, mondiales qui donnent la priorité à la promotion de la famille, du travail et de la propriété dans ses dimensions familiales et sociales. Je vois des collectivités publiques qui favorisent la création et la croissance des entreprises en veillant à la préservation d’un marché transparent et équilibré par le refus de toute tentation monopolistique en termes de marché et de capital. Je vois des collectivités publiques qui appliquent le principe de subsidiarité, la préférence pour les plus fragiles, qui privilégient aux transferts sociaux, une juste répartition de la valeur créée aux, qui accompagnent le respect de la nature en promouvant une écologie intégrale au sein de laquelle la question sociale et la question environnementale sont liées. Je vois des collectivités publiques qui donnent la priorité au bien commun, la liberté, la justice et la paix en prônant et en prenant des décisions macroéconomiques courageuses à rebours des principes qui ont fondés la mondialisation pour favoriser des socio- économies endogènes.

Je vois des cités nouvelles à l’échelle humaine, solidaires les unes des autres, ordonnées au bonheur de tous, où les familles ont un logement correct, à un juste prix, où les déplacements domicile-travail sont les plus courts possibles et dans de bonnes conditions de confort et de sécurité, où l’accès aux services et à la nature est aisé. Je vois des cités nouvelles qui ont la volonté de réguler l’usage du foncier pour assurer une bonne répartition des fonctions urbaines, en évitant toute ségrégation et en réduisant au maximum les déplacements motorisés. Je vois des cités nouvelles à l’image des styles de vie de ses habitants car l’urbanisme est l’écriture spatiale des sociétés. Elles sont comme des « arches de Noé » qui accueillent les naufragés de la modernité, des déserts de l’amour.

Je vois des hommes et des femmes, de tous âges, de toutes conditions, de toutes origines, de tous pays, qui se lèvent, qui se sont déjà levés, pour incarner cette vision. Ils veulent se dépasser, s’impliquer dans la mission de leur entreprise, participer au projet commun de la Cité Nouvelle. Je vois qu’ils sont peu nombreux car cela demande une conversion personnelle de leurs styles de vie au regard du monde, mais ils montrent ainsi que cela est possible. Je vois qu’ils sont comme l’huile dans les rouages d’une machine, ou comme le sel dans les aliments. Ils sont les prophètes annonciateurs de nouvelles cités fondées sur l’amour du frère, ilots abritant un autre style de vie pour ceux qui veulent mettre en œuvre, dans la liberté et la justice, une écologie intégrale.

Je vois des chercheurs en toutes disciplines, je vois des chefs d’entreprises, je vois des familles, je vois des syndicalistes, je vois des acteurs publics, réfléchir et élaborer ensemble une théorie économique nouvelle, fondée sur de nouveaux styles de vie, pour permettre de penser et de légitimer une réponse alternative à la vision néolibérale considérée comme naturelle et indépassable par la pensée convenue. Je vois une « économie différente qui fait vivre et non qui tue, qui inclut et n’exclut pas, qui humanise et ne déshumanise pas, qui prend soin de la création et ne la privatise pas ».

L’Institut François Neveux